jeudi 14 janvier 2016

Remerciements



Bonjour ! Laissez-moi vous présenter un récit CLAIR, c'est à dire un récit où il n'y a ni sang, ni meurtres, ni même la plus petite des écorchures. Ce texte humoristique (enfin je crois) a été écrit à l'occasion de la victoire de mon poème "ODETTE A HUGUETTE"(cliquez pour le lire) lors du concours du Printemps 2015 de Shortedition.


Voilà, bonne journée et belle semaine...

La salle de l’Olympia bruisse d’un murmure croissant. Affalé sur mon siège je me redresse. Est-ce mon nom ? Est-ce bien mon nom que les haut-parleurs ont postillonné ? Un coup de tonnerre suivit de flashs crépitants m’aveuglent puis, à tout rompre, une pluie d’applaudissements. C’est moi, oui, c’est bien moi que la salle acclame ! C’est impossible, trop de critiques ont fustigé mon œuvre, me reléguant au même rang des poètes de rue comme Henri Crazuki et Georges Marchais réunis ! Et pourtant…
Je me lève fébrilement, esquisse un sourire, resserre mon nœud papillon aussi rouge que les fesses d’une bonne sœur assise trop longtemps devant l’bon dieu, frotte les manches velours de mon costard bleu-ciel, serre les mains moites dressées au-dessus de la rangée de sièges qui me félicitent hypocritement, arrive à l’allée menant au temple des faux-culs, marche une bonne vingtaine de mètres sous le regard médusé des esthètes de la prose somnifère, saute les trois marches d’un seul coup et tel un kangourou arrive à cloche-pied au niveau du présentateur de la soirée, San Domicil Fix, un poète aux vers à coucher dehors, mon créneau, mon élixir, ma devise.
D’une main il me tend le trophée, une plume d’autruche plantée au milieu d’une raie de fesses, de l’autre ses doigts huileux. J’opte pour la plume dans le fion et la lève bien haut sous les applaudissements toujours nourris de la foule de Chamallows endimanchés.
Je me positionne devant le micro, pose le céleste trophée à côté, fouille dans les poches de mon costard en souriant, le perd quand je ne retrouve plus ce discours que je n’avais pas préparé. J’esquisse un sourire niais sous l’œil béant de tous ces flancs costarizés puis devant le micro je me gargarise finement comme une pucelle devant le saucisson du curé.
- Merci à vous, merci, merci du plus profond de ma plume, pas celle plantée dans ce trophée ridicule mais là, dans mon cœur.
Nouvelle salve d’applaudissements aussi gras qu’un paquet de beurre étalé sur la peau d’un caviste à Paris-Plage.
       - Puisque l’occasion m’en est donnée je voudrais remercier ma mère, sans qui je ne serais naturellement pas ici ce soir. Merci maman, de m’avoir prêté ta voiture.
Un rire, celui de ma mère.
              - Je voudrais aussi remercier mon père qui a travaillé dur pour me payer ce magnifique costume bleu comme le ciel de ses yeux. Merci papa, mais je préférais vraiment quand tu pointais à Pôle Emploi.
 Un autre rire, celui de mon père. Ah quel merveilleux esprit de famille !
      - Je voudrais remercier ma chère tante Huguette, sans qui je n’aurais pas obtenu le prix de Short Edition 11 pour le dantesque poème « Odette à Huguette ». Je ne sais pas dans quelle clarinette du Jury tu as soufflé pour ma victoire mais merci, tu n’as encore une fois pas manqué d’air !
  Ma tante ne rit pas, elle me trouve lourd, allez comprendre pourquoi.
      - Je remercie également Odette, ma très chère mémé qui autrefois, dans sa maisonnette au fond du jardin,  lâchait quelques bombinettes au milieu de pâquerettes et des guêpes !
  Mémé ne rit pas mais j'ai une excuse, elle est morte après d'avoir lu mon poème.
      - Enfin je voudrais me remercier. Sans l’étrange emboitement de mes neurones  je n’aurais jamais créé la prose loufoque du poète en froc avec laquelle j’ai composé ce surprenant poème. Si je me souviens bien un certain Duchmout m’avait prédit que ce poème ne resterait pas dans les annales mais ce soir, devant vous mes chers amis et autres connaisseurs de la rime légère et guillerette, je dois lui dire « oui Duchmout mon poème ne restera pas dans les annales mais comme j’ai gagné, c’est toi finalement qui l’a dans le fion ! ».
  Le micro a coupé, allez savoir pourquoi...

- FIN -


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